Les dieux inférieurs



En dehors des douze divinités de l'Olympe, il existait d'autres dieux auxquels onvouait parfois la même adoration qu'aux premiers, mais qui n'avaient pas pour demeure les cieux de l'Olympe ou encore qui étaientles enfants d'un dieu et d'un mortel, comme par exemple Asclépios. Le culte de ces dieux présente un réel intérêt, car il est bien souvent identifié au mode de vie, à la cérémonie du culte et à la culture de l'époque. Ces dieux étaient : Dionysos, le dieu du vin et de l'allégresse ; Asclépios, le dieu de la médecine ; Hélios, le dieu de la lumière ; Iris, la messagère des dieux ; Hadès (ou Pluton), le dieu du monde inférieur ; Pan, le dieu des forêts et de la vie bucolique ; Priape, un dieu de la fécondité ; Eros, le fils d'Aphrodite ; Thémis, la déesse de la justice ; et d'autres dieux, les Érinyes, les Heures et les créatures marines.




Dionysos :

Cliquez pour agrandir l'imageSémélé était l’une des filles de Cadmos, roi de Thèbes. Zeus fut séduit par sa beauté. Mais leur liaison n’échappa pas à l’attention d’Héra, qui, guidée par la jalousie et déterminée à faire du tort à Sémélé, lui dit que si elle voulait se considérer comme l’épouse de Zeus, elle devait pour cela le voir dans toute sa gloire, tel qu’il s’était présenté le jour de ses noces avec Héra. Bien que Zeus ait tenté de l’en dissuader, Sémélé insista à obtenir cette preuve d’amour, se laissant prendre au piège d’Héra. Lorsque Zeus céda et qu’il se présenta à sa demeure avec son char dans un déluge d’éclairs et de tonnerre et en lançant la foudre, le palais prit feu et Sémélé mourut foudroyée, ou peut-être sous l’effet de la peur.
Mais Sémélé portait en elle Dionysos, conçut six mois plus tôt. Afin de protéger l’enfant des flammes, Gaia, en un éclair, fit pousser un lierre rafraîchissant. Zeus prit l’enfant, encore à l’état d’embryon, se fit une ouverture dans la cuisse et l’y plaça, recousut la fente et y laissa l’enfant jusqu’à ce qu’il puisse naître à terme, sans avoir à craindre la jalousie d’Héra. Lorsque le jour de la naissance arriva, Zeus rompit les points de suture et mit au monde son fils Dionysos.
La pourchasse menée par Héra était continuelle. Elle s’aperçut que Zeus avait confié l’enfant à la sœur de Sémélé, Ino et à son mari Athamas. Zeus récupéra donc Dionysos et après l’avoir métamorphosé en chevreau, il le confia à Hermès afin que celui-ci l’emmène loin de là, en Asie, pour y grandir. Mais la colère d’Héra le poursuivait sans relâche, jusqu’à le rendre fou et il se mit alors à errer.
Rhéa parvint à le guérir et il poursuivit alors ses voyages dans le monde entier en diffusant la culture de la vigne et les rites relatifs à chaque stade de sa culture. Certaines cités lui réservèrent un accueil amical tandis que d’autres le chassèrent. En Etolie, le roi Oenée l’accueillit avec enthousiasme, tout comme l’Attique qui revendiquait la primauté dans la culture de la vigne.
Dionysos était le dieu du vin, de la semence et de la fertilité de la vigne. Le culte dionysiaque est lié au vin, à la danse et amène l’homme à s’écarter des principes. Les orgies de Dionysos étaient des fêtes organisées sur le modèle de cérémonies religieuses et de rites sacrés. Durant ces cérémonies, on chantait le dithyrambe, le chant lié au culte de Dionysos.
Le mythe d’Ariane, qui fut abandonnée à Naxos par Thésée, lors de son retour de Crète à Athènes, est lié à Dionysos, car c’est lui qui l’aurait gardée et en aurait fait sa femme. On dit aussi que du fruit de leurs amours seraient nés deux enfants, Staphylos et Oenopion.
L’entourage de Dionysos était constitué de Nymphes, de Silènes, de Satyres et de Ménades.
Les Silènes étaient des hommes dotés de pattes et de queue de cheval, qui chassaient les nymphes afin de s’unir avec elles dans les grottes. Parmi les Satyres ou Silènes célèbres, on distingue Marsyas qui était un joueur de flûte et un professeur de musique notoire. Les Satyres étaient eux aussi des créatures monstrueuses souvent identifiées aux Silènes en raison des descriptions communes qui en sont faites, en dehors de celles les décrivant comme des créatures mi-homme, mi-bouc.
Les Ménades ou Bacchantes étaient des femmes qui personnifiaient les esprits orgiaques de la nature. Elles étaient envahies par la manie de la danse, du chant et de la distraction frénétique. Ce joyeux entourage créait une vague de gaieté qui entourait généralement Dionysos.
Comme nous l’avons déjà mentionné, tous ces personnages avaient pris part à la Gigantomachie aux côtés de Zeus.


Asclépios :

Cliquez pour agrandir l'imageAsclépios était à la fois un héros et également le dieu de la médecine. Fils d’Apollon et de Coronis (ou selon une autre version, d’Arsinoé), il grandissait près du Centaure Chiron, comme tous les hommes notables de son époque. Le Centaure avisé lui enseigna la médecine, pour laquelle Asclépios fit preuve d’un talent rare. On raconte que la déesse Athéna lui avait remis le sang de la Gorgone qui avait été décapitée par Persée. Le sang qui coulait du côté droit était si bénéfique que grâce à lui Asclépios parvenait même à ressusciter les morts.
C’est d’ailleurs en raison de ce dernier succès que Zeus, de peur qu’il ne vienne perturber l’ordre du monde, le foudroya. Pour se venger de la mort de son fils, Apollon tua les Cyclopes. Hépione était son épouse et on dit qu’il eut deux fils: Podalirios et Machaon, qui étaient tous deux médecins et cinq filles: Aceso, Jase, Panacée, Eglie, Hygie. A sa mort, il fut métamorphosé en la constellation du serpent.
Hygie, la plus importante des filles d’Asclépios, est la personnification de la santé morale et physique. Aucun mythe ne fait particulièrement référence à elle. Elle fait partie de l’entourage d’Asclépios et est vénérée avec lui. L’art de la médecine détenu par Asclépios fut perpétué par ses descendants, les Asclépiades, dont le plus connu est Hippocrate.


Hélios :

Cliquez pour agrandir l'imageHélios est plus ancien que les dieux de l’Olympe. Fils du Titan Hypérion et de la Titanide Théia, il est le descendant d’Ouranos et de Gaia et est le frère d’Eos (Aurore) et d’Océan. Ses enfants sont nombreux et célèbres : la magicienne Circé ; Aiétès, le roi de Colchide; Pasiphaé, l’épouse de Minos, et Persée.
Hélios est représenté comme un homme à la beauté rare, doté d’une chevelure dorée, le front ceint d’une couronne aux rayons d’or et traversant la voûte céleste sur son char de feu qui est trainé par des chevaux à la vélocité rare. Sur son char, il parcourt durant le jour la surface de la terre ou même l’océan en utilisant une sorte d’embarcation ressemblant à une coupe vaste et profonde.
Hélios voit tout et il est souvent le témoin d’événements heureux ou malheureux à travers les différents mythes.


Iris :

Cliquez pour agrandir l'imageAppartenant à la même génération qu’Océan, Iris avait pour père Thaumas et pour mère Electre. Elle est la personnification de l’arc en ciel avec les couleurs duquel elle symbolise l’union de l’Océan avec la Terre. C’est une déité ailée, vêtue d’un voile aérien et elle se trouve au service de Zeus en tant que messag ère, tout comme Hermès, afin de transmettre les messages ou les instructions des dieux.


Hadès (ou Pluton):

Cliquez pour agrandir l'imageFrère de Zeus, de Poséidon et d’Héra, Hadès était le dieu des morts qui régnait sur le monde des Enfers, en tant que troisième dieu souverain lorsque le partage de l’Univers eut lieu entre Zeus, Poséidon et lui-même. Hadès connut le même sort que ses frères et fut donc avalé par son père Cronos. Il prit lui aussi part à la Titanomachie, aux côtés de Zeus.
Au sein de son royaume obscur, Hadès est impitoyable et intransigeant. Il ne permet à personne de retourner dans le monde des vivants.
De nombreux esprits et démons sont à son service, comme par exemple Charon qui a pour fonction de faire traverser aux âmes le fleuve Achéron qui les sépare du royaume des morts. Sa rémunération était constituée par un obole (pièce que l’on enfermait avec le mort lors de sa sépulture).
Hadès était épris de la belle Perséphone, fille de la déesse Déméter, et il l’enleva, comme nous l’avons mentionné dans le chapitre précédent. Parmi les héros, Hercule, Orphée et Ulysse descendirent dans le monde inférieur de leur vivant.
Homère décrit ce monde obscur et la désolation qui règne dans ces lieux et cela même pour les héros les plus illustres.


Pan :

Cliquez pour agrandir l'imageElément de la nature grecque, Pan était le dieu des bergers et des troupeaux. Son apparence de monstre lui vaut d’être représenté, depuis les temps anciens, mi-homme, mi-bouc, le visage fripé, le menton pointu et barbu, le front orné de cornes et le torse velu. Agile et gai, il était l’incarnation de la vie bucolique près des sources fraîches et des bois ombragés. Il possédait un appétit sexuel important et était toujours prêt à suivre des Nymphes ou de jeunes garçons et à s’ébattre avec eux. Il faisait paître ses troupeaux tout en jouant de son pipeau, dont on dit qu’il serait l’inventeur.
Ses origines ne sont pas totalement claires. Il naquit en Arcadie et on suppose qu’il est le fils de Cronos et de Rhéa ou d’Hermès. On raconte que sa mère, peut-être une nymphe, lorsqu’elle le mit au monde et qu’elle aperçut le petit monstre fut effrayée et l’abandonna. Hermès le trouva, l’enveloppa d’une peau de lapin et l’emmena sur l’Olympe. Les Olympiens le trouvèrent charmant et le gardèrent auprès d’eux. De tous les dieux, c’est Dionysos qui l’aima le plus et le prit avec lui.
Pan s’éprit de plusieurs nymphes, mais ses avances étaient souvent repoussées, comme par exemple avec Peucie qui se changea en arbre afin de lui échapper. Il fut séduit par la belle Echo, nymphe des sources et des forêts. Celle-ci demeurant insensible à ses avances, il la démembra.
On raconte qu’Echo aima en vain Narcisse et que de désespoir elle disparut, ne laissant subsister que sa voix. Le plus grand succès de Pan fut toutefois remporté auprès de Séléné qu’il réussit à tromper en se transformant en mouton.


Priape :

Cliquez pour agrandir l'imageSon apparence est semblable à celle de Pan et on dit qu’il serait le fils de Dionysos et de la nymphe Chionée, ou de Dionysos et d’Aphrodite, ou encore d’Hermès ou même de Zeus. Il grandit à Lamsace et on dit même qu’il fonda la ville. C’est une divinité de la fécondité, non seulement dans le règne animal, mais également dans le règne végétal, et égale ment de l’amour charnel.
Son pénis de taille démesurée, destiné à procréer mais aussi à punir, avait pour but d’imposer ses volontés dans tout ce qu’il contrôlait et protégeait, mais de par sa spécificité il était également une projection et une personnification de l’organe masculin, porteur de vie et de création.


Eros :

Cliquez pour agrandir l'imageLe jeune homme nu aux ailes en or, aux cheveux bouclés et à l’arc qui lance des flèches magiques, avant d’être loué par les poètes, sculpté par les sculpteurs et porté sur la toile par les peintres, était pour les grecs anciens le fils d’Aphrodite et d’Arès, qui transperçait les cœurs des dieux ou des mortels. Il était considéré comme le plus beau des dieux car il faisait naître en l’homme les sentiments les plus nobles et aidait les couples à s’unir. Depuis les temps les plus anciens, il adoucissait les caractères, même les plus durs, des mortels, embellissait la vie et lui donnait un sens.


Thémis :

Cliquez pour agrandir l'imageThémis, la déesse de la justice, veillait à l’ordre moral parmi les dieux et les hommes, Elle protégeait les faibles et les laissés-pour-compte. Elle possédait le don de la mantique et détenait l’oracle de Delphes, avant de le céder à Apollon auquel elle enseigna l’art de la mantique. Elle était la fille d’Ouranos et de Gaia et la sœur de Cronos, de Rhéa, de Mnémosyne, d’Océan et d’autres Titans.
De son union avec Zeus, naquirent les Heures, Eunomée et Irène, qui veillaient au déroulement de la vie des mortels, ainsi que les trois Moires. La première, Clotho, tissait le fil de la vie de chaque homme, la deuxième, Lachésis, dispensait les joies et les peines et la troisième, Atropos, à l’aide de ciseaux, tranchait le fil et fixait ainsi le terme de la vie.


Autres dieux inférieurs:

Les Érinyes :

Lorsque Cronos amputa Ouranos, en lui coupant avec sa faucille les organes génitaux, le sang qui se répandit sur la terre donna naissance aux Érinyes: Alecto, Tisiphone et Mégère. Déesses intransigeantes et implacables, elles contrôlent les consciences et persécutent tout parjure. Tantôt elles punissent les actes injustes, en prenant la forme des remords, tantôt elles prennent l’aspect de personnages terribles à l’air mortel et chassent ou persécutent en tous lieux, les abominables criminels et les incestueux. Elles apparaissent dans leurs rêves, troublent leur sommeil et ils ne peuvent trouver refuge nulle part. Les faiseurs de torts entendent leurs voix leur rappeler combien ils sont mauvais et brutaux et elles ne les laissent pas trouver repos, jour et nuit.
Les Érinyes sont une sorte de “divinités de la justice”, qui en dehors de la justice de Zeus, punissent tous ceux qui enfreignent les principes de la morale.

Les Heures :

Les Heures étaient initialement des divinités des saisons et elles devinrent plus tard la personnification des heures de la journée. Filles de Zeus et de Thémis, toutes trois avaient des noms qui représentaient les notions déifiées correspondantes: Eunomia (Discipline), Dikkè (Justice) et Eirènè (Paix).

Les créatures marines :

La mer avait elle aussi ses divinités qui appartenaient au royaume de Poséidon.
Protée, était protecteur des pêcheurs et de nombreux mythes se réfèrent à lui. Dans l‘Odyssée, on le rencontre comme dieu de la mer qui nourrit les créatures marines du règne marin tandis qu’Hérodote se réfère à lui en tant que Roi d’Egypte.
Triton, fils de Poséidon et d’Amphitrite était mi-homme, mi-poisson et avait pour sœurs les Néréides. Dans de nombreuses représentations, on voit plusieurs monstres marins qui revêtent l’apparence de Triton. Les Tritons suivaient le char de Poséidon ou l’encadraient sur son trône marin.
Glaucos, dieu marin, était initialement un dieu qui se métamorphosa en créature marine, Il a un aspect humain, tandis que son corps est recouvert de coquillages et d’algues.


En dehors des dieux que nous avons déjà mentionnés, il en existe d’autres que nous ne voulons pas omettre, afin de présenter une image aussi complète que possible du culte grec. Ces dieux étaient principalement la personnification de notions abstraites.
Eris, la déesse de la discorde. Elle était la fille de la Nuit et la sœur et compagne d’Arès. Cette déesse querelleuse était présente dans toute discorde ou dispute. Même lorsque tous prenaient soin de l’éviter, elle trouvait un moyen de semer la discorde et d’amorcer haines et passions entre les dieux et les mortels. Un exemple caractéristique est l’incident de “la Pomme d’Eris” qui fut la cause de la guerre de Troie. Eris avait pour enfants, la Peine, l’Oubli, la Faim, le Serment, Até (déesse du désarroi), les Guerres, le Mensonge et tous les malheurs des hommes. C’est-à-dire tout ce qui a pour origine une discorde.
Hébé : Ce nom signifie jeunesse et il représente la joie et la beauté que cet âge donne à l’homme. Fille de Zeus et d’Héra, elle offrait le nectar aux dieux. Héraclès en fit son épouse lorsqu’il fut admis sur l’Olympe.
Pitthée : Fille d’Océan, amie et aide d’Aphrodite, elle persuadait par la parole les jeunes filles de surmonter les hésitations qui les empêchaient de se livrer à l’amour.
Tuchê : Il s’agit d’une divinité sans correspondance mythique, personnification de la notion abstraite de la chance.
Até, qui signifie désastre, est la personnification du désarroi.
Les Litès, étaient les filles de Zeus, qui corrigeaient tous les maux provoqués par Até.
L’Injure, était la personnification de l’arrogance.
Némésis, la déesse qui assurait le repos des dieux et des mortels en leur offrant l’oubli et le repos.
Thanatos, frère d’Hypnos était un dieu qui se confrontait avec Hadès, Charon et Hermès. Le seul qui arrivait à tromper Thanatos était Sisyphe.
Le Besoin, est la personnification de la force qui rend impératives les décisions de Moira. Elle est considérée comme une déesse sage et conformément à la théogonie orphique, elle est, avec sa sœur Adrastée la nourrice de Zeus. Chez les tragédiens elle constitue une force suprême, à laquelle même les dieux se soumettent.
Jacchus est le dieu qui conduit le cortège des initiés aux Mystères d’Eleusis. Certains estiment qu’il a un lien avec Dionysos (Bacchus) et d’autres pensent qu’il était le fils de Déméter.